→ Regarder le live Twitch

→ Se connecter à la réunion Zoom

→ Écouter sur la radio ∏Node

→ Venir à La Générale


Inscriptions : colloqueconfinement@gmail.com


Les inscriptions sont obligatoires pour suivre le colloque à La Générale car la jauge est limitée

Organisation
Nicolas Bailleul, Hortense Boulais-Ifrène, Pierre Cassou-Noguès, Arnaud Regnauld et Gwenola Wagon

Partenaires
Teamed / AIAC EA4010, TransCrit EA1569, LLCP EA4008 Université Paris 8
AAP Recherche, Université Paris 8
École Universitaire de Recherche (EUR) ArTeC
La Générale Paris

Arguments



Ce colloque a pour but d'explorer aussi bien par la théorie qu’à travers une pratique artistique les modes d'expression ouverts par l'usage des interfaces de téléconférence et leur rapport à la viralité informationnelle. Il s’inscrit en cela dans la continuité du colloque “Confinement, viralité et formes de vie” qui s’est tenu les 26 et 27 novembre 2020 à la Générale et en ligne: http://www.virusland.org/colloque/

Alors que la performance artistique est traditionnellement associée à la constitution d'une co-présence de l'artiste et des spectateurs ou a même pour but d'accentuer de tels modes de co-présence, les interfaces de téléconférence traversent une distance spatiale qu'il n'est plus possible de vouloir effacer, et différents décalages temporels, au point même de le rappeler parfois dans leurs dysfonctionnements, à l’instar des Delay Rooms de Dan Graham. En effet, contrairement au fantasme de l’immédiateté d’un présent perpétuel que permettrait la diffusion en temps réel, les interfaces, dès lors qu’elles apparaissent dans l’espace phénoménologique, nous interdisent d'ignorer la différance et ses spectres. Comment pouvons-nous en jouer ?

D'autre part, ces interfaces modifient entièrement la position du locuteur ou de la locutrice vis-à-vis du matériel (filmique en particulier) sur lequel il ou elle peut s'appuyer. Au lieu d'avoir une position d'extériorité par rapport à des images qu'il ou elle commenterait, en ligne, le conférencier ou la conférencière se trouve apparaître sur le même plan, dans le même cadre : une voix off qui se superpose aux images, ou une vignette, une autre image, un gros plan sur un visage qui vient s'insérer à côté du film sans jamais en déborder le cadre (et il n’est sans doute pas fortuit que l’application la plus répandue ne soit autre que Zoom...). En en choisissant des extraits, en mettant de côté des images qui n'étaient pas destinées à s'assembler, le ou la conférencier.e monte un film et s'y insère lui-même ou elle-même. Il se passe pourtant quelque chose hors du cadre…

On pourrait dire que, sur Zoom comme dans l'analyse de Lacan, il n'y a pas de métalangage. Pourtant, ce n'est pas forcément la vérité qui parle. Une grande part des vidéos virales, des vidéos « complotistes », qui circulent sur les réseaux sociaux, relèvent d'un travail de montage analogue à celui-ci. Il s'agit souvent de « plans trouvés », remontés, auxquels se superpose une voix off qui en « spécifie » ou en transforme le sens. Ou bien ce sont des vues d'un intérieur, un espace intime soudain exposé aux regards, depuis lesquels parle l'internaute, comme le ou la conférencier.e, et d'où il ou elle présente le résultat d'une exploration numérique. Comment alors analyser ces transformations qu'implique la présence à l’écran ? Comment en jouer pour inventer de nouveaux modes d'expression, théoriques et artistiques, des décadrages pour ainsi dire ? Le colloque lui-même aura lieu en mode hybride, avec la possibilité pour les intervenant.e.s de participer au colloque en « présence » ou à « distance ». Nous sollicitons aussi bien des exposés théoriques que des performances artistiques. Ou des interventions hybrides qui mettent en question cette dichotomie. Nous serions particulièrement intéressé.e.s par des interventions, qui proposeraient un dispositif original.



(en)


In and Out of the Screen

This conference aims to explore, both through a theoretical approach and artistic practice, the modes of expression shaped by the use of teleconference interfaces and their relationship to informational virality. This is a follow-up to the conference entitled "Confinement, virality and forms of life" held on November 26 and 27, 2020 at La Générale and online: http://www.virusland.org/colloque/

While performance art is traditionally associated with the co-presence of the artist with the spectators, or even aims to enhance such modes of co-presence, teleconference interfaces bridge a spatial and temporal gap that can no longer be obfuscated, even to the point of bringing it out in their very glitches, as in Dan Graham's Delay Rooms. Indeed, contrary to the fantasy of immediacy, that of a perpetual present that would allow real-time broadcasting, differance and its ghosts cannot be ignored as soon as interfaces appear in the phenomenological space. How can we play with them?

On the other hand, interfaces radically shift the position of the speaker vis-à-vis the material (filmic in particular) on which he or she can rely. Instead of standing outside the images that he or she comments on, online, the speaker appears on the same plane, within the same frame: as a mere voice-over superimposed on the images displayed on screen, or as a thumbnail, another image, a close-up on a face that is inserted next to the film proper without ever crossing over, that is beyond the frame (and it is probably no coincidence that the most widely used application should be none other than Zoom...). By choosing excerpts, by putting images side by side that were not originally intended to be assembled, the lecturer edits a film and inserts herself into it. Yet something may also happen outside the frame...

One could say that, on Zoom as in Lacan's analysis, there is no metalanguage. However, it is not necessarily the Truth that speaks. A large part of viral videos, those "conspiracy" videos that circulate on social networks, are the result of an editing process similar to this one. They are often "found footage", reassembled and superimposed with a voice-over that "specifies" or transforms their meaning. Or they are views of an interior, an intimate space suddenly exposed to viewers, from which the Internet user, like the speaker, speaks and from which he or she presents the result of a digital exploration. How then can we analyze such transformations involved by our presence on screen? How can we play with them and invent new modes of expression, be they theoretical or artistic decadrages so to speak?

The conference itself will take place in hybrid mode, with the possibility for speakers to participate in the conference in "presence" or "distance". We invite both theoretical presentations and artistic performances. Or hybrid interventions that question such dichotomy. We are particularly interested in contributions presenting an original concept.



jeudi 9 décembre



13h30


Accueil et introduction






14h – 14h30


Jean-Louis Boissier – Shifters Stories



Il est rappelé comment la caméra s’est émancipée du projecteur pour être mobile et comment le projecteur est devenu à son tour mobile. Plus récemment, sur le modèle du téléphone, saisie et affichage, captation et restitution, transmission et réception se sont confondus dans le « portable ». On va considérer la fonction performative du comportement de l’écran. Pour être lui-même embrayeur, shifter, l’écran mobile doit s’inscrire dans des circonstances. « Dedans et dehors » pourrait être entrer et sortir, rester et partir, garder et donner, trouver et perdre. Tout cela devrait ressortir d’un collage de citations et d’emprunts, d’un millefeuille de microrécits, d’artifices de « temps réel » et de véritables moments, ou encore d’une manière de stories de Facebook ou de shifters des #shiftingrealities TikTok.

Jean-Louis Boissier est professeur émérite (depuis 2013) en esthétique et sciences de l’art. Il a été directeur de recherche à l’Université Paris 8 (Esthétique des nouveaux médias) et à l’École nationale supérieure des arts décoratifs (EnsadLab). Il est artiste, auteur de dispositifs de relation, de collection et de mémorisation, commissaire d’expositions ayant trait aux arts des nouveaux médias. Ses principaux essais ont été publiés dans La Relation comme forme, l’interactivité en art Mamco Genève et Presses du réel, 2004 puis 2009, et dans L’Écran comme mobile, Mamco Genève, 2016.





14h30 – 16h30


Anne Alombert – L’écrit, l’écran, l’esprit : « peanser » la réflexivité dans le milieu numérique



Au moment où il deviennent ubiquitaires et omniprésents, les écrans numériques se révèlent aussi dans toute leur ambiguïté : au moment où le télé-travail et le télé-enseignement tendent à se généraliser, la surexposition aux écrans semble devenir un enjeu majeur pour la santé, au moment où les plateforme de visioconférence deviennent les nouveaux outils des enseignants, les média numériques demeurent le plus souvent au service de la captation des attentions et de l’économie des données. Comment penser les effets des écrans sur nos esprits dans un tel contexte, et comment les panser ?
Pour répondre à ces questions, nous nous appuierons sur les travaux de Jacques Derrida et de Bernard Stiegler, qui se sont tous deux intéressés aux rapports entre intériorité psychique et extériorité technique : selon eux en effet, l’intériorité psychique, que l’on qualifie parfois de « subjectivité », ne se constitue que dans l’après-coup de son extériorisation technique, à travers toutes sortes de dispositifs artefactuels et artificiels, qui conditionnent nos manières de sentir, de réfléchir, de mémoriser et de raisonner. C’est parce que les esprits s’extériorisent et s'inscrivent dans les supports (picturaux, littéraux, photographiques, cinématographiques, numériques) qu’ils peuvent se transmettre et se partager, revenant ainsi hanter le présent par l’intermédiaire des traces qu’ils ont laissées.
Comment le passage des supports littéraux aux supports audiovisuels puis aux supports numériques transforme-t-il cet accès spectral au passé ? S’il n’y a pas de sujet sans support, s’il n’y a pas de dedans sans dehors, en quoi les évolutions techniques transforment-elles nos mémoires, nos perceptions, nos imaginations – nos capacités de nous souvenir et de nous projeter ? Les écrans numériques, qui semblent nous condamner au temps réel et à l’immédiateté, offrent-ils aussi des possibilités nouvelles de réflexivité ?

Anne Alombert est maître de conférences en philosophie française contemporaine à l’Université Paris 8. Elle est auteure d’une thèse de philosophie intitulée Derrida et Simondon face aux questions de l’humain et de la technique : ontogenèse et grammatologie dans le moment philosophique des années 1960, et co-auteure du livre Bifurquer, co-écrit avec Bernard Stiegler et le collectif Internation. Ses recherches portent sur la question des rapports entre vie, technique et esprit (notamment dans les pensées de Jacques Derrida, Gilbert Simondon et Bernard Stiegler), ainsi que sur les enjeux anthropologiques et épistémologiques des transformations technologiques contemporaines. Pages personnelles : https://llcp.univ-paris8.fr/?anne-alombert-mcf


Marcello Virali-Rosati – La puissance de l'antonomase



Pensez à Coriolano Paparazzo, le photographe de la _Dolce Vita_. Un style de vie, un look, un métier, une façon de le faire, tout un imaginaire, des valeurs, des visions du monde sont condensés dans ce nom propre qui devient un nom commun. Un paparazzi n'est pas un photo-reporter, c'est un paparazzi.
Qui a créé ces visions du monde? Le cinéma, la littérature, l'art, l'imaginaire collectif... ou une entreprise.
Les quelques logiciels propriétaires qui envahissent nos vies sont devenus les antonomases de leurs fonctions: Word signifie écriture, Google signifie recherche, Zoom signifie rencontre.
Cela a plusieurs conséquences: la première est la confusion entre les visions du monde et les valeurs de quelques entreprises privées et les caractéristiques des environnements numériques. "Le numérique est ainsi"? Ou "Zoom est ainsi"? Quel concept de présence, de rencontre, de pensée portent ces logiciels? Est-ce vraiment inévitable d'y adhérer? Y a-t-il encore un peu d'espace pour une pensée qui ne soit pas le produit d'une poignée d'entreprises californiennes?


Bertrand Gervais – #zoomesque



L’arrivée de la COVID-19 a entrainé une importante intensification numérique, un accroissement rapide de l’utilisation de dispositifs et de plateformes numériques afin de contrer les effets du confinement. Cette intensification permet que nous maintenions une bonne partie de nos activités professionnelles et personnelles, mais en les transformant, en les réduisant. Par exemple, les effets bénéfiques de la proximité des êtres avec lesquels nous interagissons sont annulés par la visioconférence. Ne reste plus de l’autre que sa voix et ses pensées, que son image retransmise. Les effets de communauté sont amenuisés, compte tenu du caractère hybride des formes de rassemblement. Nous sommes à la fois présents et absents, ici et là en même temps, participant à une communauté, constituée sur la base de liens professionnels, artistiques, éducatifs ou autres, et résistant en même temps à cette même communauté, l’écran devenant tout autant un mode de présence et de participation et qu’un mode d’absence.
Le projet #zoomesque exploite cette intensification numérique en mettant en scène les nombreux dysfonctionnements survenant sur les plateformes de visioconférence. Il prend la forme d’une série de tweets, de saynètes publiées sur Twitter et ultimement reprises sur Zoom, et de captures d’écran, publiées sous le titre de #MOOZ HEAD. Ensemble, ils proposent un portrait souvent humoristique de la situation actuelle.

Bertrand Gervais est un professeur, romancier, nouvelliste et essayiste québécois. Membre de la Société royale du Canada, il est, depuis 2015, le titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les arts et les littératures numériques. Il s'intéresse au roman contemporain, aux fictions hypermédiatiques, de même qu'à l'imaginaire et à ses figures. Il écrit des essais sur le labyrinthe et les formes contemporaines de l'oubli, sur l'imaginaire de la fin et les fictions apocalyptiques, ainsi que sur la théorie des figures. Ses fictions et récits jouent sur les codes du fantastique et du merveilleux.


Damien Charrieras – Écrans matériels, écrans domestiques, écrans ambiants, écrans publics



Damien Charrieras est chercheur en cultural studies et théoricien des médias. Il est associate professor à la School of Creative Media, City University of Hong Kong. Ses projets actuels étudient les formes situées de la créativité numérique en milieu urbain (arts médiatiques; musiques électroniques); les diverses technologies utilisées pour concevoir l'environnement 3D temps réel (notamment les moteurs de jeux) ; le blockchain dans les jeux vidéo et l'art ; l’étude culturelle des logiciels créatifs; les nouvelles approches pédagogiques de la construction critique du monde.





17h – 18h30


Alice Lenay – Performer l'écoute visiophonique



Quand on enregistre une conversation Zoom, le fichier vidéo produit n'est pas ce qui apparaissait sur mon écran, ni sur celui de mes interlocuteurices. Ce qui se donne à voir est un montage automatique avec une règle très simple : celui qui parle est celui qui a l'image. En prenant la parole, l'un pousse l'image de l'autre, pour prendre le plein écran de l'interface. Où sont alors les gens qui écoutent ?
Cette règle dévoile un méta-micro angoissé par le sens, qui cherche constamment à identifier et transmettre des messages clairs redoublés de leur inscription visuelle. Pour cette intervention, je propose d’observer le ballet de nos images, orchestré par l’espace sonore algorythmé de Zoom. Sautant de caméra en caméra, comme on tourne la tête pour regarder celui ou celle qui parle, l’interface cherche le signal qui pourra faire sailli dans le silence.

Alice Lenay est artiste-chercheuse. Sa réflexion porte sur la communication et l'attention à l'autre, notamment à travers les écrans. Pour mener sa recherche, elle produit des éditions, des performances et des installations vidéo, souvent collaboratives, qui questionnent notre désir de rencontre. Elle est Maîtresse de conférence à l'Université Paris 8 Vincennes - Saint-Denis.


JR Carpenter – Pause



pause || an interval. of inaction. especially due. to hesitation. || a break. in speaking. or reading. or writing. || this page. has been. left blank. with intention. || a control. or button. allowing. the interruption. of the operation. of a recording. or playback. device. || to wait. upon. to linger. over. from the Greek. pausein, to stop. || a break. away from. looking. watching. gazing. hearing. hungry listening. || an active. hesitation. between. wanting. and taking. making. the taking. into something. different. || a silence. an offering. an act. or instance. of acknowledging. a. knowledge. meant. giving. something. back. || attention. a tension. attend. to tend. || a pact. a performance. between two poets (J. R. Carpenter & Christine Stewart). between two places (Edmonton & Vancouver). a set. of instructions: go outside. every day. pay attention. until you notice something. you want to tell. another person. tell them. in writing. in the present. tense. attend. to this tension. Http://luckysoap.com

J. R. Carpenter works across performance, print, and digital media. The Gathering Cloud won the New Media Writing Prize 2016. An Ocean of Static was highly commended by the Forward Prizes 2018. This is a Picture of Wind was one of The Guardian’s best poetry books of 2020. Http://luckysoap.com


RYBN – Telecommuters



La pandémie de COVID-19 a vu le télétravail s'imposer comme une nouvelle norme, s'accompagnant d'une panoplie de methodes manageuriales de contrôle et d'évaluation par écrans interposés. Cette banalisation de la condition de télétravailleur - et de télétudiant - à l’heure du "capitalisme de la surveillance" généralise les principes extrêmes d’optimisation et de rationalisation algorithmique du travail mis en place et développés par les plateformes comme Amazon, Uber et consorts, dans le sillon de deux siècles de tradition disciplinaire du travail et d'idéologie productiviste.
Telecommuters vise à fournir une bibliothèque de scripts, de logiciels et de routines numériques permettant de contourner et de tromper les logiciels usuels de surveillance du télétravail. Avec RYBN.ORG, b01, David Benque, JODI, Sarah Garcin et Frédéric Danos, Mediengruppe Bitnik, Jérôme Saint-Clair, Valentina Vuksic.

RYBN.ORG est un collectif d'art extradisciplinaire, fondé en 1999, et basé à Paris. http://rybn.org





18h45 – 19h15


Marie-Bénédicte Cazeneuve



Marie-Bénédicte Cazeneuve joue dans Au bord du monde (2011) Vourdalak (2011) La grève des ventres (2012) Talons aiguilles et bottes de paille (2012) Catilina ou Le venin de l’amour (2012) Toutes les belles choses (2013), L’autre vie de Richard Kemp (2013) L’homme qui en connaissait un rayon (2014) Tsunami (2015), Trepalium (2016), Grâce à Dieu (2018), Bienvenue à Erewhon (2019) et dans les performances de Cécile Bicler avec Jean-Luc Vincent, Je ne vais pas pleurer, je ne vais plus parler (2017), Dans l’espace personne ne vous entend hurler, Galerie Mansart (2020).


Soir : création culinaire de Frédéric Danos



En France depuis mars 1959, Frédéric Danos est peintre faux-bois. Il dit oui à tout.



Vendredi 10 décembre



10h30 – 12h30


Marie Baudouin et Judith Deschamps – Démasquer la vulnérabilité ?



Lors de cette rencontre « hybride » via deux ordinateurs interposés, Judith nous parlera du dehors — la salle de montage dans laquelle elle fabrique actuellement un film — et Marie du dedans — la Générale dans laquelle se déroule le colloque. De leurs écrans, elles exploreront les limites et les possibles d’une rencontre par l’usage des interfaces, et s’interrogeront sur la représentation des vulnérabilités : Peut-on entendre la voix des personnes vulnérables si ce n’est pas leurs voix qui narrent ? Comment ces personnes peuvent-elles reprendre possession de leurs voix et de leurs visages ? Est-ce la relation qui permet d’apparaître et de se faire entendre ? Elles dialogueront en évoquant les créations et les œuvres sur lesquelles elles travaillent actuellement. Judith parlera de son conte vidéographique La Mue et Marie de la série Black Mirror.

Judith Deschamps, artiste plasticienne et doctorante ArTeC s’intéresse au rôle que la co-création artistique avec l’intelligence artificielle peut jouer dans le passage de la vie vers la mort. Marie Baudoin, doctorante en quatrième année au sein de l'unité de recherche TransCrit, travaille sur l’interrogation des vulnérabilités au sein de la littérature et du cinéma d’anticipation américains contemporains. Liens web : https://transcrit.univ-paris8.fr/-BAUDOIN-Marie-506- / https://judithdeschamps.com/about


Hortense Boulais-Ifrène – 👁 l i m i n a l 👁 s p a c e s 👁



Vous êtes arrivé.es dans une version altérée de la réalité, un espace inconnu pourtant étrangement familier : un open space, un couloir, une salle d’attente… et il n’y a personne. A partir de la légende des Backrooms sur 4chan, les “Liminal Spaces” renaissent sur Internet. Les images de ces lieux entre la vie et la mort, le virtuel et l’actuel, le connu et l’inconnu revivifient nos traumas et suggèrent les visions d’horreur des esthétiques liminalc0re, dreamc0re, weirdc0re. 👁..noclip.. 👁 Où dans les métavers ?

Hortense Boulais-Ifrène est étudiante au DIU ArTeC+, ses sujets de recherche s’articulent autour des notions de ville fantôme, de désert et de ruine dans les métavers à travers les récits de cyber-flâneur.euses. https://liminalmetaverse.tumblr.com/


Lucas Azemar et Charlotte Cherici – En duplex depuis Los Santos !



Depuis un an, les réalisateurs Rudy Kern et Merlin Thompson réalisent un documentaire sur la ville de Los Santos dans l'État de San Andreas. Rencontre et discussion sur un travail d'immersion dans une ville franco-américaine où chaque habitant.e s'efforce de faire vivre la cité en performant au mieux le rôle qu'il s'est attribué.

Charlotte Cherici a étudié à la Haute École des Arts du Rhin (Strasbourg). Elle fabrique des films plutôt documentaires depuis le Limousin et travaille sur les films d’autres réalisateur.ices en tant que monteuse. Elle s’intéresse tout particulièrement aux pratiques du jeu de rôle. Lucas Azémar est diplômé de la Haute École des Arts et du Design (Genève), il a jusqu’à présent réalisé des films de fictions, dont la narration se déploie en partie dans des jeux-vidéo inventés. Installé dans le Limousin, « Bac à Sable » est son premier projet de documentaire.


Nicolas Bailleul – Boolean Vivarium



Vivarium est un jeu vidéo d'observation et de gestion d'un appartement intelligent - une smart home - pensé et conçu par Léo Hoffsaes, développeur et plasticien dont j’ai suivi et documenté le travail depuis deux ans. Retour sur les échanges et réflexions menés autour du développement de son jeu et de mon film produits conjointement à double huis clos : un appartement virtuel et un lieu de résidence isolé que nous avons investis par le débat, le conflit et le chant.

À travers la réalisat᠎ion de films et autres disposit᠎ifs narrat᠎ifs, Nicolas Bailleul explore les terrains de l’int᠎ime à l’ère des réseaux connectés. Il s’intéresse notamment aux nouvelles prat᠎iques amateurs (désignées ou revendiquées comme telles), ut᠎ilise et détourne leurs out᠎ils de captat᠎ion et invest᠎it/infiltre leurs espaces de diffusion et de rencontre. Nicolas documente, fict᠎ionnalise et fait le récit de ses explorat᠎ions. Il mène actuellement un doctorat en recherche-création à l’université Paris 8. nicolasbailleul.fr





14h – 16h


Jan Söffner – Mimésis numérique



Avant de développer sa Poétique, Aristote en pose les bases dans la faculté mimétique de l'homme. Comme Platon avant lui, il inclut la musique parmi les manifestations de la mimesis et fait référence à l'apprentissage des enfants dans les jeux de rôle. Donc, pour lui, la mimésis n'est pas seulement la représentation et l'imitation dramatique, mais aussi l'alignement sur des formes dynamiques (la musique et l'immersion dans son rythme et sa mélodie), ainsi que l'interaction complémentaire ; sa mimésis est orientée pas seulement vers la representation, mais aussi vers ce que Daniel Stern décrit comme la "forme de vitalité" : elle ne se contente pas de créer des objets mimétiques, mais ouvre aussi un moment de participation.
Sur cette base, l'intervention développe un schéma tripartite de la mimésis, à savoir l'imitation, l'assimilation et l'adaptation (complémentaire). Ce schema sera puis appliqué à l'interaction de l'homme avec la technologie numérique, c'est-à-dire aux interfaces, derrière lesquelles les algorithmes se livrent à leur tour à des processus "mimétiques" : ils imitent la réalité, s'intègrent dans les processus humains et s'assimilent ainsi à eux, ou jouent également le rôle de la contrepartie mimétique. Il est toutefois très important de noter que l'expérience humaine, qui est à l'origine des formes de vitalité, est (jusqu'à présent) absente des processus inconscients des machines, ce qui conclura l’intervention.

Jan Söffner holds the chair for Cultural Theory and Cultural Analysis at Zeppelin University in Friedrichshafen, where he also holds the position of vice president for teaching and didectics. Jan earned his PhD in Italian Studies and his 'Habilitation' (second, post-doctoral dissertation) in Comparative Literature and Romance Studies. From 1999 to 2007 he was research associate at the Department of Romance Studies at the University of Cologne; and from 2008 to 2010 he worked at the research project Emotion and Motion at the Centre for Literary and Cultural Research (Zentrum für Literatur- und Kulturforschung) in Berlin. In 2011 he held a fellowship at the Center for Advanced Studies Morphomata in Cologne, and continued to work there until he left in 2014 to work as an interim professor for Romance Literature at the Eberhard-Karls-University in Tübingen. In 2016 he held the position of Program Director at Wilhelm Fink publishing house in Paderborn.


Yves Citton – Images, dedans, dehors : pour un conspirationnisme généralisé



Les images qui nous affectent ne sont véritablement ni « dans », ni « sur » les écrans, ni « dans », ni « hors » de nos têtes. Elles existent entre nous, comme des entités relationnelles constituées aux croisements de nos projections corporelles, des aspects des choses et de nos esprits collectifs. Cette intervention ira chercher dans la dynamique des images élaborée par Gilbert Simondon de quoi mieux comprendre les écrans comme des interfaces où se composent au moins trois registres de projections complémentaires. Une telle approche invite à un conspirationnisme généralisé, qui est peut-être le meilleur contrepoison au (fantasme du) complotisme.

Yves Citton est un graphomane qui aime lire ce qu’écrivent les autres. Il étudie et enseigne à l’université Paris 8, co-dirige la revue Multitudes et a publié récemment Faire avec. Conflits, coalitions, contagions (Les Liens qui Libèrent, 2021), Générations Collapsonautes. Naviguer en temps d’effondrements (avec Jacopo Rasmi, 2020), Contre-courants politiques (2018), Médiarchie (2017), Pour une écologie de l’attention (2014), Zazirocratie (2011). Son prochain livre, Altermodernités des Lumières, doit paraître en 2022 au Seuil. Ses articles sont en accès libre sur www.yvescitton.net


Raphaële Jeune – Démutualiser le regard, disjoindre l’attention



Lorsque je parle à l’autre, je le regarde. Il·elle me regarde en retour. Son regard me saisit. Mieux, son regard me fait me saisir. « En face », un visage de chair se fait miroir et mon corps s’y installe tout entier. Une spécularité silencieuse lie nos présences dans une ambiance commune. Entrée par effraction dans nos communautés, la visioconférence défait cette symétrie si évidente. L’interface nous propulse dans un espace a-centré, sans ambiance et sans corps. L’autre qui me regarde ne semble pas me regarder quand je le·la regarde. Lorsque je veux le·la voir, je ne le·la regarde plus. Il·elle ne sait qui je regarde vraiment. Une imprécision surgit, et avec elle, une démutualisation du regard et une désindividualisation de l’adresse. Ainsi je suis seul·e dans ma présence réelle, je suis seul·e dans mon cadre à l’écran parmi tous les autres cadres, mais je suis confondu·e avec les autres car si nous sommes vu·es comme un·e seul·e par chacun·e, nous ne pouvons distinguer la direction des autres regards. Dans cette confusion, comment garder le lien à l’autre : comment exercer le regard mutuel ? Dans cet aplanissement, comment continuer à vivre la communauté : comment faire l’expérience de l’attention conjointe ? D’autres modalités d’être ensemble s’inventent.

Raphaële Jeune est docteure en esthétique, professeure d'Histoire et théorie de l'art à l'EESAB à Rennes (École Européenne Supérieure d'Art de Bretagne) et commissaire d'exposition indépendante. Sa thèse portait sur des situations artistiques de présence des vingt dernières années qui bouleversent le rapport à soi du spectateur. Ses recherches actuelles s'intéressent aux recompositions ontologiques, et notamment aux nouveaux modes de subjectivité qui se diffusent dans un monde plus-qu'humain.


Eric Mechoulan – Je sais pas quoi faire



Professeur au Département des littératures de langue française depuis 1995, Éric Méchoulan a aussi été directeur de programme au Collège international de philosophie (2004-2010) et professeur invité dans de nombreuses institutions (Harvard, Paris 8, Paris 3, ENS Paris, ENS Lyon, ENS Haïti, Bloomington, Oran). Ses recherches actuelles portent sur les sentiments politiques à l’âge classique, sur l’histoire intermédiale des idées, sur les archives et la mémoire, ainsi que sur le temps qui passe. Il travaille aussi, dans un aller-retour entre philosophie et histoire, à mieux comprendre l’institution de l’esthétique et, en particulier, de ce que nous nommons «littérature». Il a fondé et dirigé jusqu’en 2006 la revue Intermédialités. Il est co-éditeur depuis 1996 de la revue américaine Sub-Stance. Il est responsable scientifique du Fonds Paul-Zumthor, directeur du Centre de Recherches Intermédiales sur les arts, les lettres et les techniques (CRIalt) de 2009 à 2013, et, depuis 2012, du Centre de recherche Virtuoso sur les usages, cultures et documents numériques.





16h30 – 18h30


Seumboy Vrainom – Vers le Sahel



Militer hors-sol c'est aussi faire des VLOGS, entre diffusion de jeu vidéo et vidéo de voyage. Je propose une réflexion autour de la relation que je peux entretenir avec le Sahel. En tant que noir, afropéen, français. Au travers de scénarios vidéo-ludiques, je revisite l'histoire qui lie la France avec cet ancien territoire colonisé. Peut-on parler d'histoire spéculative ? Lorsqu'un avatar rencontre la selfie, où se situe l'auto-fiction ?
Références :
Afropea, Utopie post-occidentale et post-raciste, Léonora Miano, éditions Grasset
Age Of Empires 3, définitive édition
Convoi de Barkhane : à Téra, «les soldats français se sont rassemblés et ont ouvert le feu»
Sahel - Wikipédia

Seumboy Vrainom :€ est un apprenti chamane numérique. Pur héritier de l’histoire coloniale française, il a grandi au Luth, une cité de région parisienne, au 13ème étage d’une tour, flottant dans le virtuel. Face à une difficulté à se réapproprier la terre, il s'est naturellement plongé dans l’espace numérique. "Je pratique la Numéricosophie, une spiritualité qui propose de construire une cosmogonie incluant la dimension numérique de l’univers. Le but étant de pouvoir penser le poids politique de l’humain dans un dialogue avec des entités dont les performances techniques tendent à nous surpasser." Tendu entre la singularité technologique et l’effondrement de la société thermo-industrielle, il milite pour une écologie décoloniale




Un spectacle de théâtre, au sein de notre régime de réalité, se produit habituellement sur une scène notamment grâce au jeu d'actrices et d'acteurs qui endossent d'autres identités. La réalité virtuelle, quant à elle, permet de se glisser, comme ces actrices et ses acteurs, au sein d'un costume mais le spectacle peut se produire à rebours : il est possible de vivre un théâtre inversé, où les différentes strates identitaires se conjuguent au lieu de s'occulter les unes les autres. Je me sers d'une figure monstrueuse pour expérimenter et explorer une manière de coexister à l'intérieur du costume de l'autre, grâce à l'ontologie complexe du monstre mythologique contemporain Godzilla et au monde de réalité virtuel en ligne VR Chat.

Née à Fougères en 1993, Alix Desaubliaux obtient un DNSEP avec félicitations à l’ENSAD de Nancy en 2016, puis se dirige vers l’ENSBA de Lyon pour y rejoindre une unité de recherche en arts numériques en vue d’obtenir un DSRA en octobre 2021. Elle rejoint la Bretagne en 2020 à Rennes où elle travaille désormais au sein du Vivarium, Atelier artistique mutualisé. Elle développe une pratique protéiforme, de l’impression 3D et la céramique, à la chimie, l’électronique et la création de jeux vidéos. Alix Desaubliaux explore la relation affective que les êtres humains construisent avec le reste du monde et ce qui lui fait altérité. Non-humain, réel et virtuel, artefacts, objets, choses... Elle donne des formes et des noms à ces échanges à travers la mise en place de laboratoires expérimentaux et mets en dialogue ces entités à travers de nouvelles mythologies. Ainsi, la matière minérale, les machines DIY et les personnages de jeux vidéos s’épanouissent dans de nouvelles modalités plastiques et narratives.


Guillaume Boissinot – Comme elle seule peut le voir (l'image, le monde et la machine)



Je regarde ma webcam posée sur le haut de mon écran, et je me demande vraiment ce qu’elle voit. Je chemine alors d’images techniques en images techniques, depuis leurs origines en optique jusqu’à la vision par ordinateur des intelligences artificielles, en passant par celles d’un certain cinéma expérimental. Se faisant, je m’interroge sur leur autonomie, le rapport qu’elles entretiennent avec les réalités humaines et la connaissance d’un monde non humain. Tandis que je rends compte en “visio” de mes réflexions, la caméra qui me filme commence à dériver dans le cadre de mon image, à zoomer et dézoomer ; puis à bouger elle-même de façon à ce que ma présence semble tout à fait fortuite.


Guillaume Boissinot est artiste et chercheur. Il a engagé un travail sur l’existence et le développement des objets techniques en dehors d’une causalité humaine, dans l’hypothèse d’une sorte d’autonomie. A travers un travail de sculptures, d’installations et de dispositifs expérimentant un rapport non instrumental aux matières et aux formes des machines et à leur capacité de production, il cherche à faire émerger des fictions non-humaines sinon inhumaines. Il est doctorant en recherche-création à l'Université de Paris 8 en art et philosophie sous la direction de Pierre Cassou-Noguès et Grégory Chatonsky. Il est étudiant-chercheur en résidence à l’Esad-TALM. Il enseigne au sein de la licence design de jeux vidéo et de médias interactif L3Di à Laval. https://guillaumeboissinot.net/


Grégory Chatonsky – Humanism fatigue



Un homme, que nous connaissions, a vieilli. Sans doute est-il centenaire. Il se souvient d'une époque lointaine où il pensait être immortel et où les gens communiquaient à distance. Il tente de continuer son rêve, il le raconte une énième fois. Il se sent seul et une fatigue l'envahit.

Grégory Chatonsky est un artiste. Il réalise des objets entre matérialité et numérique depuis 1996. Il a exposé au Palais de Tokyo, au Centre Pompidou, au Jeu de Paume, au MOCA Taipei, au Museum of Moving Image, au Hubei Wuhan Museum. Depuis le milieu des années 90, Grégory Chatonsky travaille sur le Web et principalement sur son affectivité le menant à questionner l’identité et les nouvelles narrations qui émergent du réseau. À partir de 2001, il a commencé une série sur la dislocation, l’esthétique les ruines et l’extinction comme phénomène artificiel et naturel. Au fil des années, il s’est tourné vers la capacité des machines à produire de façon quasi autonome des résultats qui ressemblent à une production humaine. Ces problématiques sont devenues convergentes grâce à l’imagination artificielle qui utilise les données accumulées sur le Web comme matériau d’apprentissage afin de produire une ressemblance. Dans le contexte d’une extinction de l’espèce humaine, le réseau apparaît alors comme une tentative pour créer un monument par anticipation qui continuerait après notre disparition.





18h45 – 19h15


Olivier Bosson, L’Image cliquable



Au début c’était simple : je me suis aperçu que beaucoup d’images étaient aujourd’hui cliquables. Ensuite, je me suis demandé s’il y avait là quelque chose de fondamentalement nouveau par rapport aux types d’images plus anciens. Et si oui, quoi ? Qu’est-ce qui était nouveau ? Et puis tout à coup, je me suis dis : et si non ? S’il n’y avait rien de nouveau ? Ça voudrait dire que les images étaient déjà cliquables avant que les écrans ne soient numériques ? Ho ho ho !

Olivier Bosson fait des films de fiction et des performances conférences. Il a publié l'échelle 1:1, pour les performances conférences et autres live, un livre qui mélange théorie et petites histoires, et expose tout en la pratiquant une démarche artistique jouable dans un monde ravalé par l'informatique en réseau.





Design, programmation : Nicolas Bailleul / Caractère typographique : Karrik de Lucas le Bihan et Jean-Baptiste Morizot